Le Domaine de l’héritière – Questions/Réponses

1. Vos romans se ressemblent, car ils se déroulent toujours pendant deux époques différentes. Comment réussissez-vous à gérer tout et à rassembler les deux intrigues avec virtuosité à la fin ?
Je n’ai pas de plan écrit. Comme dans toutes mes histoires, je commence avec un endroit et un moment dans le temps, et ensuite, l’histoire se déroule petit à petit. Je ne sais jamais d’un jour à l’autre où l’histoire va m’emmener. Je laisse simplement les personnages me guider. Parfois j’ai vraiment l’impression – surtout dans les parties du live dans le « passé » – que quelqu’un me raconte l’histoire. Je n’ai pas encore eu de problème en ce qui concerne l’intrigue. Tout semble s’assembler de façon holistique à la fin.

2. Le Domaine de l’héritière a lieu principalement dans un château du Sud de la France. Étiez-vous allée quelque part qui vous a inspiré l’endroit ?
J’ai trouvé le cadre pour le Château de la Martinière par hasard, alors que j’étais sur la route avec mon mari pour rentrer en Angleterre après un séjour dans notre maison du Sud de la France. Nous avions une réservation dans un beau château et c’est là-bas, dans la magnifique cour remplie de lavande, que j’ai dit à mon mari que c’était là que je voulais situer mon nouveau livre. J’ai changé l’emplacement du château fictif pour le situer dans le village de Gassin, qui est très proche de notre maison, où nous habitons en été.

3. Le Domaine de l’héritière se déroule pendant deux époques différentes, avec une histoire dans le « présent » qui a lieu au tournant du siècle, et une autre pendant la Seconde Guerre mondiale. Comment avez-vous fait des recherches sur le contexte historique ?
Comme dans tous mes livres, je fais mes recherches historiques avant de commencer à écrire. Pour cela, je lis tous les livres que je peux trouver sur l’époque et l’endroit. À ce moment-là, je ne sais pas encore comment l’histoire va se dérouler, alors je lis énormément. Bien que je sois frénétique en vérifiant que mes faits sont corrects, je suis une conteuse, pas une historienne. Quand j’avais fini Le Domaine de l’héritière, et que j’étais en France, j’ai rencontré par hasard un vieil homme merveilleux, Monsieur Chapelle du Domaine du Bourriane, dont j’avais utilisé le nom, le château et le vignoble, avant de découvrir que sa famille et leur belle maison existaient réellement. Je suis entrée dans ma propre histoire fictive et c’était une leçon d’humilité, et une expérience magique. Cela m’est arrivé à plusieurs autres occasions.

4. Le thème sous-jacent de vos romans semble être que le passé doit être révélé afin que votre héroïne puisse comprendre son histoire et avancer. Pourquoi ?
Particulièrement dans ce livre – qui aborde une des guerres les plus récentes et douloureuses de l’histoire de l’humanité – je suppose que la morale sous-jacente de toutes mes histoires est le pardon et la compréhension de votre passé, afin de vivre joyeusement dans le présent, et pour accueillir l’avenir. Je crois que la rédemption et le pardon sont toujours une possibilité.

5. Emilie, votre héroïne d’aujourd’hui dans Le Domaine de l’héritière, doit surmonter plusieurs obstacles émotionnels. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce personnage et le voyage qu’elle doit faire afin d’être libérée ?
La mère d’Emilie voulait donner naissance à un héritier masculin pour hériter du domaine familial, mais comme Emilie était une fille, Valérie était complètement indifférente envers elle. Par conséquent, elle a grandi avec un manque complet de confiance en elle, et une personnalité discrète. Sa réaction face à sa mère extravagante qui cherchait à attirer l’attention a été de vivre de manière complètement opposée. L’histoire suit le voyage d’Emilie pour comprendre et accepter l’origine de sa douleur, et comment elle peut finalement la surmonter.

6. La guerre semble être une toile de fond récurrente dans vos romans. Pourquoi pensez-vous que tant d’auteurs choisissent de placer leurs romans pendant ces périodes difficiles ?
Les circonstances dramatiques font ressortir le meilleur et le pire de tout le monde. La Première et la Seconde Guerres mondiales ont toutes les deux eu lieu il y a moins de cent ans. La plupart des gens aujourd’hui ont des membres de leur famille qui ont été touchés d’une certaine manière – qu’ils aient perdu un être cher ou partagé un baiser avec un soldat. Nous sommes aujourd’hui en mesure d’approfondir ce qui s’est passé en coulisses, et pour moi, lire sur le SOE (Special Operations Executive, ou Direction des opérations spéciales) créé par Winston Churchill a été une révélation. Beaucoup de mes lecteurs m’ont écrit en disant combien les hommes et les femmes qui s’entraînaient si dur et ont risqué leur vie pour aller en France étaient inspirants. Pendant que je faisais mes recherches, j’ai découvert que seulement 26 femmes sur les 40 qui sont parties pour aller en France sont revenues. Au lieu de rester en arrière, en tricotant des chaussettes, ces femmes étaient au front, faisant face à un danger incroyable. L’espérance de vie d’un agent du SOE était d‘environ six semaines.

7. Tous vos romans ont des personnages formidables, à la fois sympathiques et frustrants. Vous inspirez-vous de quelqu’un que vous connaissez ?
Non, pas totalement. Ils sont toujours un mélange de plusieurs personnes que je connais – y compris moi. Mais avant tout, ils sont eux-mêmes.

8. Un autre endroit important se trouve au nord du Yorkshire : un manoir gothique lugubre. Existe-il un modèle pour cette résidence aussi ?
Oui – Blackmoor Hall est une combinaison de toutes les maisons gothiques et froides dans lesquelles j’ai séjourné dans le Yorkshire !

9. Avez-vous un personnage préféré dans Le Domaine de l’héritière ?
J’ai vécu par procuration à travers Emilie, la propriétaire du château, et j’ai beaucoup aimé décrire la rénovation. J’adore Connie aussi – elle est si stoïque et forte.

10. Venetia est un personnage de La Maison de l’orchidée. Pourquoi avez-vous décidé de la faire apparaître dans ce roman ?
Dans La Maison de l’orchidée, Venetia mentionne qu’elle est impliquée dans une opération secrète pendant la guerre, puis elle disparaît pendant presque toute la durée de la guerre. Donc c’était parfait qu’elle soit recrutée pour le SOE. Et c’était génial pour moi de la retrouver – j’ai toujours aimé son personnage, et c’était comme si j’avais une vieille amie avec moi pendant l’écriture du roman.